Larmes de verre

Il y a comme un sentiment étrange qui flotte en France. Les forces du mal, qui nous traversent parfois, subreptices, cherchent à s'emparer de nous avant de se dissiper, luttent pour écraser ceux qui osent résister, brouillent les pistes, reviennent, s'emparent de l'idée de bien pour détruire, se logent en d'autres âmes pour les diriger.

En la perte de repères, ces forces, d'antan insaisissables et insignifiantes, s'apprêtent à nous submerger.

Je sens l'usure, à mesure que nos responsabilités croissent, face à cette fascinante et puissante proposition de déréliction qui s'offre à une société toute entière, et où tant, indifférents à l'idée de justice et à la vérité, cherchent à se vautrer.

Elles sont amples les forces du mal. Elles sont étonnantes, lorsqu'on les découvre.

Lorsque l'on découvre cette idée, cette subdivision, dans laquelle je n'avais pas été élevé, qui ne m'avait jamais effleurée, et dont les dernières années, à mesure que j'entrais dans le monde du pouvoir, ont fini par me convaincre qu'elle existait.

La gravité.

Les larmes de verre sont des structures d'apparence impossibles à rompre, capables d'arrêter des balles lorsqu'elles tentent de se loger en leur cœur.

La moindre vibration affectant leur tête peut cependant suffire à les briser.

Nous sommes devenus des larmes de verre.

Il importe peu que nos dirigeants en aient ou non conscience.

L'apparente stabilité de nos structures de gouvernement se fracasse face aux mouvements du temps.

L'inertie dont ils bénéficient, à court délais, ouvrira une abîme en ces profonds sols où ils pensaient, à défaut d'ancrage, trouver point d'appui.

Alors un peuple sombre jaillira. Alors la mort, pour eux qui piétinant nous ont voulus dévastés.

Sous eux, la société tremble, vulnérable, s'agrippe au moindre espoir, se déchire et se rompt, s'attaque et s'agresse, étouffant et sans air ni lumière.

Comme une meute sans meneur, sentant les sels de l'abattoir, elle s'apprête à la mort. A notre mort.

Convulsés par une violence dont on ne sait que faire, aveuglés par la haine, prêts à tuer et dévaster.

Nous en mourrons, mes amis, bien avant avoir réparé ne serait-ce qu'un centième de ce que nous subissons.

Mais Dieu quel renoncement insupportable, que de n'avoir fait le nécessaire pour guérir ce qui féconde notre destruction.

Il y a quelques semaines, au milieu d'un bruit médiatique insupportable, a commencé à naître l'hypothèse d'une candidature politique.

Qu'on se le dise: nous avancerons s'il le faut, avec le goût amer de ceux qui se savent obligés.

Nous le ferons avec le poids d'une existence vouée à servir, et qui pour cela, nous aura accablé.

Nous le ferons à la recherche de lumières, non pour nous, mais pour ceux que nous nous sommes pris de servir.

Contre l'obscurité.

Pensées.


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